Sophie-Dorothée Kleiner dessine.
Des paysages intérieurs en quête de sublime qui font plonger en soi-même et rejaillir transcendés, des abstractions en recherche du vivant, de l’essence du vivant, de l’ascèse.
Sophie-Dorothée Kleiner dessine mais pas seulement.
L’art, c’est prétentieux. L’ascèse, dangereux. Le stéréotype n’est jamais loin. Alors Sophie-Dorothée Kleiner crée Lanterne Atelier et fait dialoguer sa pratique avec d’autres.
Et ainsi le bois entre en scène.
Qu’ont en commun le geste libre et spontané du dessin et celui mille fois répété de la marqueterie de paille ?
Qu’ont en commun les hasards de l’eau gouttant sur le papier et la perfection technique de l’ébénisterie ?
Sophie-Dorothée Kleiner nous parle d’humilité quand, à l’épure de ses Paysages intérieurs répond la modestie du bois. Elle bâtit des ponts entre l’arbre observé derrière la fenêtre et le bois sublimé dans ses Monuments au(x )vivant(s). C’est l’histoire, aussi, d’un équilibre sans cesse éprouvé entre les temporalités, celle, dilatée puis contractée de l’observation qui précède le dessin, et celle, douce et étirée, qui permet la marqueterie. C’est le parcours d’une ligne, tracée par la pierre noire en regard de nos intériorités ; et celle du fil du bois, que l’on caresse des yeux, des doigts. C’est le vide, enfin, le vide qui révèle l’essentiel, qui révèle la forme, le geste, tant dans les abstractions évoquant la calligraphie chinoise que dans la marqueterie s’inscrivant dans le sillage pluri-centenaire d’André-Charles Boulle.
Et ainsi, Paysages intérieurs d’encre sur papier comme Monuments au(x )vivant(s) de pierre et de bois nous appellent sur la même voie, d’une exploration des sois intrinsèques à lier au vivant dont nous sommes parties ǀ partis, pour atteindre enfin, nous aussi, la transcendance.
Lucie Mosca – 2023